Jubilé du Monde de la Communication 24/01/2025 « Partagez avec douceur l’espérance de vos cœurs »
Message du pape François pour la 59e Journée mondiale des communications sociales, 2025
Chers frères et sœurs, nous célébrons ce JUBILE comme un temps de grâce dans une époque très troublée ; je voudrais vous inviter à être des communicateurs d’espérance, en commençant par un renouveau de votre travail et de votre mission selon l’esprit de l’Évangile.
J’ai déjà répété à plusieurs reprises qu’il est nécessaire de “désarmer” la communication, de la purifier de toute agressivité.
Nous voyons tous comment le paradigme de la concurrence, de l’opposition, de la volonté de dominer et posséder, et de la manipulation de l’opinion publique risque de l’emporter.
Il y a aussi un autre phénomène inquiétant : celui que l’on pourrait appeler le “détournement programmé de l’attention” par le biais de systèmes numériques qui, en nous orientant selon les logiques du marché, modifient notre perception de la réalité.
Nous assistons ainsi, souvent impuissants, à une sorte d’atomisation des intérêts qui finit par saper les fondements de notre appartenance à une communauté, la capacité de travailler ensemble pour un bien commun, de nous écouter et de comprendre les raisons de l’autre..
Espérer, en effet, n’est pas du tout facile. « L’espérance est un risque à courir, c’est même le risque des risques ». L’espérance est une vertu cachée, tenace et patiente. Cependant, pour les chrétiens, espérer n’est pas un choix facultatif, mais une condition irréductible. Comme l’a rappelé Benoît XVI dans l’encyclique Spe salvi, l’espérance est une vertu “performative”, capable de changer la vie : « Celui qui a l’espérance vit différemment ; une vie nouvelle lui a déjà été donnée ».
Je voudrais m’arrêter sur 3 messages :
« Honorez dans vos cœurs la sainteté du Seigneur » : l’espérance des chrétiens a un visage, celui du Seigneur ressuscité. Sa promesse d’être toujours avec nous par le don de l’Esprit Saint nous permet d’espérer même contre toute espérance …
Le 2ème message nous demande d’être prêts à rendre raison de l’espérance qui est en nous. Il est intéressant de noter que l’apôtre Pierre nous invite ainsi à rendre compte de l’espérance « devant quiconque nous demande ». Les chrétiens ne sont pas d’abord ceux qui “parlent” de Dieu, mais ceux qui reflètent la beauté de son amour, une nouvelle façon de vivre toute chose. C’est l’amour vécu qui suscite la question et exige la réponse : pourquoi vivez-vous ainsi ? Pourquoi êtes-vous ainsi ?
Enfin le 3ème message : répondre « avec douceur et respect ». La communication des chrétiens devrait être tissée de douceur, de proximité : le style des compagnons de route, suivant le plus grand Communicateur de tous les temps, Jésus de Nazareth qui dialoguait le long de la route avec les 2 disciples d’Emmaüs, faisant brûler leur cœur par la manière dont il interprétait les événements à la lumière des Écritures. C’est pourquoi je rêve d’une communication capable de faire de nous les compagnons de route de nombreux frères et sœurs, de raviver en eux l’espérance en ces temps troublés. Une communication capable de parler au cœur, de susciter non pas des réactions passionnées de fermeture et de colère, mais des attitudes d’ouverture et d’amitié ; capable de mettre en valeur la beauté et l’espérance, même dans les situations apparemment les plus désespérées ; capable de susciter l’engagement, l’empathie, l’intérêt pour les autres. Une communication qui nous aide à « reconnaître la dignité de tout être humain et à prendre soin ensemble de notre maison commune » (Lett. enc. Dilexit nos, n. 217). Le bon communicateur fait en sorte que ceux qui écoutent, lisent ou regardent puissent prendre part, être proches, trouver le meilleur d’eux-mêmes et entrer avec ces attitudes dans les histoires qui leur sont racontées. Communiquer de cette manière aide à devenir des “pèlerins de l’espérance”, selon la devise du Jubilé.
L’espérance est toujours un projet communautaire. Pensons un instant à la grandeur du message de cette année de grâce : nous sommes tous invités – vraiment tous ! –Les dimensions personnelle et communautaire sont imbriquées dans tout cela. Le Jubilé nous ouvre donc à l’espérance, il nous montre la nécessité d’une communication attentive, douce, réfléchie, capable d’indiquer des voies de dialogue.
Je vous encourage donc à découvrir et à raconter les multiples histoires porteuses de bien, cachées dans les plis de l’actualité ; à imiter les chercheurs d’or qui tamisent inlassablement le sable à la recherche de la minuscule pépite. Il est bon de trouver ces semences d’espérance et de les faire connaître. Cela aide le monde à être un peu moins sourd au cri des plus petits, un peu moins indifférent, un peu moins fermé. Sachez toujours trouver les étincelles de bien qui nous permettent d’espérer. Cette communication peut aider à tisser la communion, à nous faire sentir moins seuls, à redécouvrir l’importance de marcher ensemble.
Chers frères et sœurs, je vous invite à prendre soin de votre cœur, c’est-à-dire de votre vie intérieure. Qu’est-ce que cela signifie ? Je vous laisse quelques pistes. Soyez doux et n’oubliez jamais le visage de l’autre ; parlez au cœur des femmes et des hommes au service desquels vous faites votre travail. Ne laissez pas les réactions instinctives guider votre communication. Semez toujours l’espérance, même si c’est difficile, même si cela coûte, même si cela semble ne pas porter de fruits. Essayez de pratiquer une communication qui sache guérir les blessures de notre humanité. Faites place à la confiance du cœur …Soyez les témoins et les promoteurs d’une communication non hostile, diffusant une culture de l’attention, construisant des ponts et transperçant les murs visibles et invisibles de notre époque. Racontez des histoires pleines d’espérance, en prenant à cœur notre destin commun et en écrivant ensemble l’histoire de notre avenir. Tout cela, vous pouvez et nous pouvons le faire avec la grâce de Dieu que le Jubilé nous aide à recevoir en abondance. Je prie pour cela et je bénis chacun d’entre vous ainsi que votre travail.
Rome, Saint-Jean-de-Latran, 24 janvier 2025, François
Jubilee of the World of Communication 24/01/2025 "Share the hope of your hearts with gentleness".
Message of Pope Francis for the 59th World Communications Day, 2025
Dear brothers and sisters, we are celebrating this JUBILEE as a time of grace in very troubled times; I would like to invite you to be communicators of hope, starting with a renewal of your work and mission according to the spirit of the Gospel.
I have already said on several occasions that we need to "disarm" communication, to purify it of all aggression.
We can all see how the paradigm of competition, opposition, the desire to dominate and possess, and the manipulation of public opinion is in danger of prevailing.
There is also another worrying phenomenon: what we might call the "programmed diversion of attention" through digital systems which, by directing us according to the logic of the market, alter our perception of reality.
We thus witness, often powerless, a kind of atomisation of interests that ends up undermining the foundations of our belonging to a community, the ability to work together for a common good, to listen to each other and to understand each other's reasons...
Hope is not at all easy. "Hope is a risk to be taken, indeed it is the risk of all risks". Hope is a hidden virtue, tenacious and patient. However, for Christians, hope is not an optional choice, but an irreducible condition. As Benedict XVI reminded us in the encyclical Spe salvi, hope is a "performative" virtue, capable of changing lives: "He who has hope lives differently; a new life has already been given to him".
I would like to focus on 3 messages:
"Honour in your hearts the holiness of the Lord": the hope of Christians has a face, that of the Risen Lord. His promise to be with us always, through the gift of the Holy Spirit, allows us to hope even against all hope...
The 2nd message asks us to be ready to give an account of the hope that is in us. It is interesting to note that the apostle Peter invites us to give an account of hope "before everyone who asks us". Christians are not primarily those who "talk" about God, but those who reflect the beauty of his love, a new way of living everything. It is love lived out that prompts the question and demands the answer: why do you live like this? Why are you like this?
Finally, the 3rd message: respond "with gentleness and respect". Christian communication should be woven with gentleness and closeness: the style of fellow travellers, following in the footsteps of the greatest Communicator of all time, Jesus of Nazareth, who conversed along the road with the 2 disciples of Emmaus, making their hearts burn with the way he interpreted events in the light of the Scriptures. That's why I dream of a form of communication that can make us the travelling companions of many brothers and sisters, rekindling their hope in these troubled times. Communication capable of speaking to the heart, of arousing not passionate reactions of closure and anger, but attitudes of openness and friendship; capable of highlighting beauty and hope, even in the most apparently desperate situations; capable of arousing commitment, empathy and interest in others. Communication that helps us to "recognise the dignity of every human being and to care together for our common home" (Lett. enc. Dilexit nos, n. 217). The good communicator ensures that those who listen, read or watch are able to take part, to be close, to find the best in themselves and to enter with these attitudes into the stories that are told to them. Communicating in this way helps us to become "pilgrims of hope", as the Jubilee motto puts it.
Hope is always a community project. Let's think for a moment about the greatness of the message of this year of grace: we are all invited - really, all of us! -The personal and community dimensions are intertwined in all of this. The Jubilee opens us up to hope, and shows us the need for attentive, gentle, thoughtful communication, capable of pointing the way to dialogue.
I therefore encourage you to discover and tell the many stories of good hidden in the folds of current events; to imitate the gold diggers who tirelessly sift the sand in search of the tiniest nugget. It's good to find these seeds of hope and make them known. It helps the world to be a little less deaf to the cries of the little ones, a little less indifferent, a little less closed. Always know how to find the sparks of good that give us hope. This communication can help weave communion, make us feel less alone, help us rediscover the importance of walking together.
Dear brothers and sisters, I invite you to take care of your heart, that is, your inner life. What does that mean? I'll leave you with a few guidelines. Be gentle and never forget the other person's face; speak to the heart of the women and men you serve. Don't let knee-jerk reactions guide your communication. Always sow hope, even if it's difficult, even if it's costly, even if it doesn't seem to bear fruit. Try to practise communication that heals the wounds of our humanity. Make room for the trust of the heart... Be witnesses and promoters of non-hostile communication, spreading a culture of attention, building bridges and breaking through the visible and invisible walls of our times. Tell stories full of hope, taking our common destiny to heart and writing the story of our future together. You and we can do all this with the grace of God that the Jubilee helps us to receive in abundance. I pray for this and I bless each of you and your work.
Rome, Saint John Lateran, 24 January 2025, Francis